La 4ème République (1946-1958)

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Assemblée-nationale-1946

L’image de la IVème République est restée jusqu’à aujourd’hui mitigée. D’un côté, la France connaît sous cette République un indéniable redressement économique, grâce à l’aide américaine (plan Marshall), à la croissance économique mondiale, mais aussi grâce au baby-boom. La consommation est à la hausse et les ménages modernisent leur équipement. La construction européenne prend son essor avec la création du Marché commun (Traité de Rome, 1957).

Mais d’un autre côté, deux problèmes de plus en plus lourds gênent le fonctionnement de la IVème République et conduisent à sa chute.

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Organigramme_de_la_IVème_République
Restriction-card-food-france-1947
Restriction-card-food-france-1947

1°) l’instabilité politique
En 1947, le tripartisme (union entre le PCF, la SFIO et le MRP qui se partagent le pouvoir) s’effondre. Les communistes quittent le gouvernement et rejoignent les partisans de De Gaulle dans leur opposition aux institutions et à la politique menée. La IVème République, ayant contre elle deux groupes qui rassemblent 1/3des sièges à l’Assemblée, est condamnée à l’instabilité : le gouvernement le plus long reste en place 16 mois (Guy Mollet), mais beaucoup ne durent que cinq mois, un mois, six jours ou même un jour (Chrisitan Pineau) !
Dans ce contexte, il devient impossible de mener une politique cohérente, malgré l’arrivée au pouvoir de personnalités comme Antoine Pinay ou Pierre Mendès-France. La IVème République gagne en impopularité.
2°) la décolonisation
Favorisé par la Seconde Guerre mondiale, qui a vu les puissances colonisatrices s’entre déchirer, le mouvement de décolonisation prend son essor. La conférence de Bandoeng, en 1955, est pour les pays encore colonisés le moment d’une prise de conscience de leur droit à l’indépendance.
Les pays européens sont plus réticents. De Gaulle, en 1944, avait reconnu dans son discours de Brazzaville la nécessité d’entreprendre des réformes pour donner plus de droits aux colonisés. Mais ces propositions n’ont pas le temps de se traduire dans les faits. Certes, la Constitution de 1946 remplace l’Empire par l’Union française, mais cela ne change pas grand-chose au sort des peuples colonisés.
Cet immobilisme de la France favorise les premières émeutes en faveur de l’indépendance, à Sétif en Algérie en 1945, puis à Madagascar en 1947. Toutes deux sont réprimées très brutalement. En Indochine, c’est à une véritable guerre que doit se livrer la France, contre le Viêt-minh d’Hô Chi Minh qui a proclamé l’indépendance en 1945. La défaite de Dien Bien Phu en 1954 est un coup rude pour la France et ses militaires, qui doivent abandonner la colonie asiatique.
En Afrique du Nord, si la Tunisie et le Maroc obtiennent leur indépendance assez facilement en 1956, il n’en va pas de même pour l’Algérie, peuplée d’un million d’Européens. Face à l’insurrection lancée par le FLN en 1954, la France renforce ses effectifs militaires et entre dans une guerre longue et douloureuse. De part et d’autre, des actes terribles sont commis – terrorisme et mutilations du côté du FLN, recours à la torture et aux exécutions sommaires du côté français.

Croix_de_Lorraine
Croix_de_Lorraine

Cette guerre achève de diviser les Français et révèle au grand jour l’impuissance de la IVème République à sortir de la crise. Le 13 mai 1958, un nouveau gouvernement se met en place, dirigé par Pierre Pflimlin. Ce dernier soulève la méfiance des Français d’Algérie, car il est réputé favorable à l’indépendance de cette colonie. Les Français d’Algérie se soulèvent, créent un Comité de salut public. Leurs chefs, les généraux Massu et Salan, appellent au retour du général de Gaulle au pouvoir.
Pflimlin préfère démissionner, tandis que le Président de la République, René Coty, fait officiellement appel au général de Gaulle pour occuper le poste de Premier ministre. Ce dernier accepte et est investi par l’Assemblée le 1er juin 1958. Il sera le dernier président du Conseil de la IVème République puisque l’un de ses premiers objectifs, en arrivant au pouvoir, est de doter la France d’une nouvelle Constitution.