Louis Napoléon Bonaparte (1848-1851)

Charles-Louis-Napoléon Bonaparte1, dit Louis-Napoléon Bonaparte, né le 20 avril 1808 à Paris et mort le 9 janvier 1873 à Chislehurst (Royaume-Uni), est un monarque et un homme d’État français. Il est à la fois l’unique président de la Deuxième République, le premier chef d’État français élu au suffrage universel masculin, le 10 décembre 1848, le premier président de la République française, et après la proclamation de l’Empire le 2 décembre 1852, le dernier monarque du pays sous le nom de Napoléon III, empereur des Français.

Troisième fils de Louis Napoléon Bonaparte2 dit Louis Bonaparte, roi de Hollande, et d’Hortense de Beauharnais, il naît prince français et prince de Hollande : neveu de l’Empereur Napoléon Ier, il est à la fois neveu et petit-fils de l’impératrice Joséphine de Beauharnais (sa grand-mère maternelle). Exilé après la chute de l’Empire, conspirateur avec son frère aîné pour l’unité italienne, il devient héritier présomptif du trône impérial après les morts successives de son frère aîné Napoléon-Louis en 1831, et de son cousin le duc de Reichstadt (Napoléon II, roi de Rome) en 1832.

 

Ses premières tentatives de coup d’État, mal préparées (Strasbourg en 1836, Boulogne-sur-Mer en 1840), échouent. Il est condamné à l’emprisonnement au fort de Ham. Mais il profite des suites de la révolution française de 1848 pour se faire élire représentant du peuple puis président de la République. Son coup d’État du 2 décembre 1851 met fin à la Deuxième République, et lui permet l’année suivante de restaurer l’Empire à son profit. Face à l’opposition des républicains, des libéraux tels Adolphe Thiers, de certains monarchistes et des catholiques (après l’unité italienne), il donne à son pouvoir la forme d’un « Empire autoritaire » qui s’atténue après 1859 pour laisser place, progressivement, à un « Empire libéral ».

La philosophie politique qu’il met en place, et qu’il présente dans ses Idées napoléoniennes et dans De l’extinction du paupérisme (1844), est une synthèse d’un bonapartisme mêlé à du romantisme, du libéralisme autoritaire, et du socialisme utopique. Le règne de cet admirateur de la modernité britannique est marqué par un développement industriel, économique et financier sensible, porté par une forte croissance mondiale qu’illustre la transformation de Paris sous l’autorité du préfet Georges Eugène Haussmann.

Sa politique extérieure vise à restaurer la puissance française en Europe et dans le monde. Il rompt l’isolement diplomatique voulu au congrès de Vienne par trois puissances de la Sainte-Alliance, son entente avec la Grande-Bretagne lors de la guerre de Crimée contre la Russie, son soutien aux mouvements nationaux en particulier lors de l’unité italienne contre l’Empire d’Autriche, et ses diverses opérations outre-mer parfois en coalition avec la Grande-Bretagne permettent l’agrandissement du territoire (Nice, Savoie) ainsi qu’une expansion coloniale et commerciale. Elle provoque cependant l’hostilité du royaume de Prusse et subit un échec au Mexique.

 

Les tensions avec la Prusse aboutissent au piège de la dépêche d’Ems et à la guerre franco-allemande de 1870, qui scelle la fin du Second Empire. Le 2 septembre 1870, Napoléon III est capturé lors de la bataille de Sedan. Le 4 septembre 1870, la Troisième République est proclamée. Napoléon III part en exil en Angleterre, où il meurt en janvier 1873.

La vive hostilité de Victor Hugo à l’égard de Napoléon III, exprimée dans ses œuvres et sa correspondance, les multiples pamphlets et ouvrages critiques de divers auteurs (Henri Rochefort, Maurice Joly, etc.) et les articles d’une partie de la presse politique contemporaine (Le Siècle, L’Opinion nationale) contribuent à ce que de nombreux historiens qualifient de « légende noire » autour de Napoléon III et du Second Empire.

L’œuvre économique et sociale du Second Empire est mise en valeur par l’historiographie officielle dès le début du xxe siècle, mais la révision du jugement historique porté sur Napoléon III lui-même est plus lente. Après la Seconde Guerre mondiale, des travaux des historiens, notamment ceux effectués par Adrien Dansette et Louis Girard4, vont dans le sens d’une réhabilitation de Napoléon IIIg,5, et marquent une nette rupture historiographique dans la perception de celui qui est le dernier monarque français et le premier président de la République française.